Doha: coup de frein, mais lOMC poursuit sa route...
Conférence de Doha
Coup de frein, mais lOMC poursuit sa route…
LEurope et les Etats-Unis ont tout fait pour arracher un nouveau round de négociations à
Doha. A y regarder de plus près, le contenu réel de laccord est cependant modeste et
repousse à plus tard les enjeux les plus sérieux.
Raoul Marc Jennar*
De Marrakech à Doha, la volonté
des pays industrialisés dimposer
lidéologie ultra-libérale à lensemble
de la planète na pas fléchi. (…) [Deux
ans après léchec de lOMC à Seattle],
si la conférence de Doha a relancé le
processus de commercialisation des
biens et des personnes, elle a toutefois
limité les ambitions annoncées par les
pays industrialisés. Mais le corpus de
Marrakech na pas été remis en cause.
Et la courageuse résistance des Pays
en voie de développement (PVD) va
réclamer de nouveaux et très importants
efforts dans les deux années qui
nous séparent de la prochaine conférence
ministérielle (…).
La social-démocratie
européenne avec les Etats-Unis
(…) Le langage humaniste et solidaire
destiné à endormir les bonnes
consciences en Europe et à abuser certains
gouvernements du Sud na jamais
trouvé sa concrétisation autour
de la table des négociations. A lheure
des choix, lUE a toujours été aux
côtés des Etats-Unis, non des PVD: le
protectionnisme nest acceptable que
lorsquil bénéficie aux pays riches. A
cet égard, la responsabilité des gouvernements
des Quinze et des partis
politiques qui les soutiennent est entière.
De Jospin à Berlusconi, ils sont
tous sur la même ligne dans leur soutien
au mandat donné à Pascal Lamy.
La participation gouvernementale, ici
et là, de communistes ou de verts, ny
change malheureusement rien. (…)
(…) Les positions formulées par les
PVD, à loccasion de plusieurs sommets
intergouvernementaux (des pays
africains, des pays du groupe Afrique-
Caraïbe-Pacifique (ACP), des Pays
les Moins Avancés (PMA), du Groupe
des 77) ou lors des réunions organisées
régulièrement ou informellement
par lOMC, ont été systématiquement
ignorées et même niées (…).
Les projets successifs de déclaration
ministérielle préparés par la présidence
du Conseil général de lOMC
étaient scandaleusement déséquilibrés,
ne faisant sur aucun point
référence aux positions exprimées par
les PVD, en violation des règles de
lOMC. (…)
Pratiques mafieuses
A Doha, lorganisation des travaux
ne sest jamais faite dans le souci du
respect des règles fondamentales du
débat démocratique, mais toujours
dans un contexte de rapports de force.
(…) [Cependant], les diverses consultations,
comme les réunions des chefs
de délégation, ont permis aux PVD de
faire entendre leur voix. Cest un progrès
par rapport à Seattle où les
délégations des PVD – pourtant majoritaires
– attendaient dans les couloirs
que les pays industrialisés aient atteint
un accord entre eux. Mais ceux-ci,
sauf à courir le risque dun nouveau
Seattle, ne pouvaient se permettre
davancer dans la négociation en tenant
tous les PVD à lécart. On nisole
pas facilement un pays dun milliard
dhabitant-e-s, comme lInde. On a
donc eu recours aux formes les plus
diverses de manipulation.
Lorsquil est apparu que les PVD
étaient en mesure de forcer les pays riches
à des concessions, on a repris la
technique des «consultations informelles», (…) mieux connue sous le
terme de green room (chambre verte),
par référence à la couleur initiale du
bureau du Directeur général de
lOMC. A Doha, la «green room»
était en fait la «suite présidentielle n°
11». Cest là que le camp occidental et
ses alliés réunissaient séparément les
délégations les plus résistantes. Un
moyen aussi disoler la délégation indienne
du reste des négociations pendant
une partie de la nuit décisive du
13 au 14 novembre, qui marque le
tournant de la conférence de Doha.
Quand lInde résiste
jusquau bout
Entre 21h. le mardi et 5h. le mercredi,
les tractations ont pris une allure
dramatique. Seulement 20 pays
sur 144 (la Chine et Taiwan ayant été
admis pendant la conférence) ont eu le
droit daccéder à la suite présidentielle
n° 11. Dautres, qui souhaitaient
participer, sen sont vu interdire laccès.
Certains pays nont pu être représentés
que par leur ministre seul, à
lexclusion de tout expert (…). Ladhésion
au texte proposé était marchandée
contre des promesses dassistance
technique ou daides financières directes ou des menaces de retrait de ces
aides. On a été jusquà intimider et
persécuter les ministres les plus résistants.
Le secrétariat de lOMC sest
fait le complice actif de ces pratiques,
négligeant totalement ses devoirs au
service de tous les Etats membres. (…)
En dépit de ces manoeuvres dignes
de pratiques mafieuses, (…) à quelques
heures de la fin des négociations,
prolongées dun jour, une dizaine de
pays tenaient encore bon. Ce dernier
carré sest effrité lorsquil sest agi
dassumer la responsabilité dun nouveau
Seattle. Seule lInde a mené la
bataille jusquà son unique terme possible,
obtenant à larraché une interprétation
décisive sur louverture différée
de négociations dans les matières
dites de Singapour, ce qui lui
vaut le mépris du journal français Le
Monde qui laccuse davoir fait obstruction
jusquau bout. (…)
Nouveau cycle peu ambitieux
Pour évaluer correctement la portée
de la « Déclaration de Doha », il faut
se rappeler quil existe deux types de
négociations à lOMC. Il y a les matières
qui, en vertu des Accords de
Marrakech, font lobjet de négociations
quasi permanentes: agriculture,
services et droit de propriété intellectuelle.
Cest «lagenda incorporé».
Conférence ministérielle ou pas, nouveau
cycle ou pas, les négociations sur
ces matières sont programmées et elles
sont en cours. (…) La «Déclaration
de Doha» fournit des orientations
pour les négociations sur ces trois
dossiers. La notion de «nouveau cycle» na dès lors trait quaux négociations
sur dautres matières. (…)
Le sommet USA-Union européenne
du printemps dernier, en Suède, avait
appelé à un «nouveau cycle ambitieux» de négociations en vue de privatiser
de nouveaux secteurs de la vie
en société. Cette volonté était confirmée
par les Quinze, le 29 octobre dernier,
à Luxembourg. Lors dune réunion
informelle rassemblant une vingtaine
de pays, il y a quelques semaines,
à Singapour, compte tenu de
lhostilité des PVD à un nouveau cycle
de négociations, on avait proposé
de rebaptiser le projet «agenda pour le
développement», sans rien changer à
ses orientations ultra-libérales. Pourtant,
le programme de Doha, quil
sagisse de lagenda incorporé ou du
nouveau cycle, nest ni ambitieux, ni
consacré au développement. (…)
Les articles 1 et 2 de la Déclaration
réaffirment la foi dans les vertu dun
libre-échange absolu, véritable dogme,
dont la mise en oeuvre produirait
automatiquement la croissance et le
développement. Des formulations lyriques
sensuivent concernant la lutte
contre la pauvreté, devenue, depuis
peu, lantienne des institutions qui ont
le plus contribué à son accroissement
(Banque Mondiale, Fonds Monétaire
International et OMC).
Cest au siège de lOMC, à Genève,
que se poursuivent, en permanence,
les négociations sur les trois dossiers
de cet agenda. La «Déclaration de
Doha» sest limitée à indiquer des
orientations pour ces négociations.
Elle na remis en cause aucun des accords
concernés, contrairement à la
demande des PVD.
Agriculture contre
développement
Cest le dossier qui concerne lécrasante
majorité de la population de la
planète: les petits paysans. Il offre la
plus éclatant opportunité dobserver
lhypocrisie de lUE et des USA. Ensemble,
ils accordent chaque année
quelque 380 milliards de dollars en
primes et subventions [à leur secteur
agricole], tout en interdisant aux pays
du reste du monde de soutenir leur
production et leur exportation de denrées
alimentaires (…) et de protéger
leurs marchés intérieurs contre cette
concurrence déloyale. Rien, à Doha,
na été accordé aux petits paysans. Ni
dans le dossier agricole, ni dans celui
de la protection des ressources naturelles
et des savoirs indigènes (voir le
dossier ADPIC).
LUnion européenne a pris le risque
de faire échouer la conférence de
Doha pour protéger son agro-industrie
avec son modèle hyper-productiviste
(dont on connaît par ailleurs les performances:
dioxine, vache folle,
fièvre aphteuse, pollutions massives).
Les PVD demandaient un traitement
tarifaire préférentiel et des mesures
spécifiques pour la petite agriculture
sous la forme dun chapitre spécial
dans laccord agricole. LUE a été à la
pointe de lopposition à cette demande
résumée dans lexpression
Development Box.
Le projet de déclaration mentionnait
la volonté de sengager à «mener des
négociations globales visant à réduire
les subventions à lexportation en vue
de leur retrait progressif». LUE, dont
les aides sont dune autre nature que
celles des USA, a fait introduire dans
le texte une précision indiquant quil
sagit de réduire «toutes les formes»
de subvention, mais elle a obtenu aussi
que la mention «en vue de leur retrait
progressif» soit sans effet par
lintroduction de la précision: «sans
préjudice du résultat des négociations».
Rien de nouveau
sur les services publics
La Déclaration de Doha confirme
les négociations en cours, les orientations
prises et les objectifs poursuivis.
En dépit des craintes exprimées par
les citoyen-ne-s, rien ne vient formellement
indiquer que la notion de services
publics soit protégée contre la
volonté de privatisation, si ce nest un
paragraphe 7 de la Déclaration qui stipule:
«Nous réaffirmons le droit des
membres, au titre de lAccord général
sur le commerce des services, de
réglementer la fourniture des services
et dintroduire de nouvelles réglementations
à cet égard».
Daucuns affirment que cette disposition
permettra aux Etats de protéger
le concept de services publics, en particulier dans les domaines de léducation
et de la santé. On notera que les
négociations qui vont commencer sur
lenvironnement (voir infra) impliquent
les services denvironnement
dès lors directement menacés de privatisation.
Droits de propriété
intellectuelle (ADPIC)
LAccord sur les Droits de Propriété
Intellectuelle en rapport avec le Commerce
(ADPIC) – forme très élaborée
du droit de propriété contrarie lapplication
de droits fondamentaux: le
droit à la santé et le droit des peuples à
la souveraineté sur leurs ressources
naturelles, droits par ailleurs consacrés
dans des instruments internationaux
adoptés et ratifiés par lensemble
des Etats. (…)
En ce qui concerne le droit à la santé
et à laccès aux médicaments essentiels,
une Déclaration distincte a été
adoptée, suite aux efforts persistants
des PVD, résolument unis dans ce
combat présenté à juste titre comme
une «question de vie ou de mort». (…)
Le texte de Doha sur «lADPIC et la
santé» représente une remarquable
avancée politique, mais il ne contient
aucune traduction juridique, ce que
na pas manqué de souligner, en toutes
occasions, la délégation américaine.
(…) Les Etats ont formulé le
voeu que lapplication de lADPIC ne
contrarie pas le droit des membres de
lOMC à prendre des mesures appropriées
pour permettre laccès aux
médicaments essentiels. Ils ont prolongé
de dix ans le moratoire relatif à
lentrée en vigueur de lADPIC pour
les Pays les moins avancés (PMA).
Mais ils ont refusé de sengager et de
prendre des décisions contraignantes.
Ils nont pas remis en cause le principe
du brevet. Une négociation doit
avoir lieu, à Genève, sur la question
de limportation des médicaments
génériques. Elle devra se terminer
avant la fin de 2002.
En ce qui concerne le droit des peuples
à la souveraineté sur leurs ressources
naturelles et la lutte contre la
biopiraterie et le brevetage du vivant,
larticle 19 de la Déclaration donne
«pour instruction au Conseil des ADPIC
(…) dexaminer entre autres choses,
la relation entre laccord sur les
ADPIC et la Convention sur la diversité
biologique, la protection des savoirs
traditionnels et du folklore et
autres faits pertinents». (…) [Pourtant],
conformément aux exigences
des multinationales pharmaceutiques
et de lagro-industrie, lUE et les USA
sont résolument hostiles à une renégociation
des ADPIC, demandée avec
insistance par les PVD. Le plus dur
reste donc à faire. (…)
Contenu du nouveau cycle
Des négociations vont se dérouler,
du 1er janvier 2002 au 1er janvier 2005.
(…) La conduite de ces négociations,
leur conclusion et lentrée en vigueur
de leurs résultats seront considérées
comme un engagement unique sappliquant
immédiatement et automatiquement
à tous les membres. Elles
porteront sur les matières suivantes:
Laccès aux marchés pour les produits
non agricoles. Il sagit des
droits de douane et des tarifs sur les
produits industriels. Les PVD et en
particulier le groupe africain avaient
demandé quil ny ait pas de négociation
avant quune étude approfondie
soit menée sur limpact de labaissement
des droits de douane et des
crêtes tarifaires sur la désindustrialisation
des PVD. Ils nont pas été entendus.
(…).
Accords intervenus avant 1995
dans le cadre de lancien GATT. Les
négociations porteront sur des questions
de mise en oeuvre des dispositions
existantes. (…)
Environnement. Les négociations
porteront sur la relation entre les
règles de lOMC et les accords internationaux
en matière denvironnement,
mais elles ne lieront pas les
pays non signataires de ces accords.
Les USA restent donc libres dagir
comme bon leur semble et dimposer
aux autres des règles quils refusent
pour eux-mêmes. Bien plus grave, la
formulation de cette disposition indique
une prééminence implicite des
règles de lOMC sur toutes les autres
règles du droit international et une incitation
à ne pas adhérer aux accords
environnementaux. La Déclaration
annonce aussi que les négociations en
matière denvironnement porteront
sur «la réduction ou lélimination des
obstacles tarifaires et non tarifaires visant
les biens et services environnementaux». La voie est tracée pour la
privatisation des services publics environnementaux
(eau, énergie, déchets,
etc.). Par contre, les prescriptions
en matière détiquetage à des
fins environnementales sont renvoyées
à un groupe de travail. La priorité
pour un développement durable
nest pas présentée comme une limite
à lextension du libre-échange.
Mise en oeuvre. (…) Les PVD
avaient souhaité que les travaux sur la
mise en oeuvre et son impact puissent
déboucher éventuellement sur une
révision des accords existants, ce
quils nont pas obtenu. Aucun progrès
significatif en ce qui concerne le
respect, par les pays riches, de lAccord
sur les textiles et les vêtements,
ni sur les recours abusifs par ces
mêmes pays à des mesures antidumping.
Réforme du mécanisme de règlement
des différends. Cest la seule
négociation qui portera sur un accord
existant et sur le fonctionnement de
lOMC. A la différence des autres matières
du nouveau cycle, ces négociations
devront être terminées en mai
2003. Sans préjuger de lorientation
de ces négociations, on se réjouira de
la possibilité ainsi offerte de revoir un
mécanisme qui a suscité à juste titre
de très nombreuses critiques.
(…) Les pays industrialisés voulaient
que le nouveau cycle porte sur
linvestissement (pour remettre en
selle lAccord Multilatéral sur lInvestissement,
rejeté en 1998), la concurrence,
les marchés publics et la facilitation
des échanges. (…) Les PVD
unanimes – et avec plus dinsistance
encore, les PMA – avaient, à maintes
reprises, déclaré quils nétaient pas
prêts à ce grand bond en avant dans le
libre-échange faisant de la planète un
marché unique dominé par les sociétés
transnationales venues du Nord.
Les batailles décisives sont
devant nous
Toute la bataille menée pendant la
nuit du 13 au 14 novembre a porté sur
ces paragraphes du projet de Déclaration
(20, 23, 26 et 27). Dans les premiers
jours de la conférence, les PVD
avaient obtenu quune décision sur
ces matières soit renvoyée à la 5e conférence
ministérielle, en 2003. Mais,
sous la pression de lUE, elles ont été
réinscrites dans le programme du nouveau
round, avec la seule différence,
par rapport aux autres matières du
programme, que les négociations
commenceront «après la 5e conférence
ministérielle sur la base dune
décision qui sera prise, par consensus
explicite, à cette session, sur les modalités
de négociations».
Cest la ténacité de lInde qui a
abouti à la présentation, avant ladoption
de la Déclaration en séance plénière,
dune interprétation de la présidence
formulée comme suit: «Je voudrais
noter que certaines délégations
ont demandé des clarifications en ce
qui concerne les paragraphes 20, 23,
26 et 27 du projet de déclaration. Permettez-
moi dindiquer que, vu le nécessaire
respect de la référence, dans
ces paragraphes, à un « consensus explicite »
pour la décision qui doit être
prise lors de la 5e conférence ministérielle,
mon interprétation est quune
décision devra effectivement être prise,
par un consensus explicite, avant
que puissent commencer les négociations
sur Commerce et Investissement,
Commerce et Concurrence,
Transparence et Marchés publics, Facilitation
des Echanges.
De mon point de vue, cela devrait
donner à chaque Membre le droit de
prendre position sur les modalités ce
qui empêcherait les négociations de
débuter après la 5e Conférence jusquà
ce que ce Membre soit prêt à prendre
part à un consensus explicite».
Ce qui signifie quen 2003, si un
Membre nest pas disposé à participer
au consensus, les négociations sur ces
quatre matières ne pourront pas commencer.
Les USA et lUE vont certainement
avancer que cette interprétation
de la présidence na pas la valeur
légale de la Déclaration. Il y a peutêtre
matière à débat pour des juristes,
encore que cette précision de la présidence
de la conférence fasse partie intégrante
de ses travaux et que nul ne
peut préjuger du résultat final sur
ladoption de la Déclaration de Doha
si cette interprétation de la présidence
navait pas été formulée avant cette
adoption. Au-delà du débat juridique,
il y a incontestablement un engagement
politique à ne forcer la main
daucun pays avant douvrir les négociations
sur ces matières.
Quant aux autres matières qui ne
font pas lobjet de négociations (commerce
électronique, petites économies,
dette et finances, transfert de
technologie, coopération technique et
renforcement des capacités) elles sont
renvoyées à des groupes de travail au
sein de lOMC. Les normes fondamentales
du travail internationalement
reconnues demeurent de la compétence
exclusive de lOrganisation
Internationale du Travail.
En conclusion, on notera que, si le
fonctionnement et les règles de
lOMC restent très préjudiciables aux
PVD, ceux-ci ont commencé à défendre
leurs intérêts. Des négociations
vont se poursuivre sur lagenda incorporé
et commencer sur quelques matières
nouvelles. Tout va se passer désormais
à Genève. Une longue et dure
bataille va devoir être menée pour que
le commerce soit au service des peuples
et non plus les peuples au service
du commerce.
* Chercheur auprès dOxfam Solidarité et de lUnité
de Recherche, de Formation et dInformation sur la
Globalisation (URFIG), 21 novembre 2001. Titre et
intertitres de la rédaction. Version non abrégée disponible
sur notre site.